La nécessaire fusion des communes de Saint-Usage,
Saint-Jean-de-Losne, Losne et Echenon est-elle possible ?
Nous avons rappelé ( http://saint-jean-de-losnetourisme.blogspot.fr/2013/12/saint-jean-de-losne-la-fusion-des.html) que, le 12 mars 1816, le sous-préfet de Beaune avait adressé une lettre aux
communes concernées souhaitant « la
réunion des communes de Losne, St Usage et Echenon à celle de St Jean de Losne »
et que le conseil municipal de Saint-Jean-de-Losne s’y était unanimement
déclaré favorable le 18 mars.
Alors pourquoi ne s’est-il rien passé ?
C’est qu’à cette époque, cette proposition ainsi formulée ne
pouvait qu’être rejetée par les autres communes!
Saint-Usage et Echenon ont adopté le même jour une résolution
identique :
« Considérant que
la gestion des affaires administratives ne pourrait y gagner parce que les
besoins locaux sont mieux appréciés par un magistrat résidant sur les lieux que
par un étranger.
Qu’il y aurait moins
de célérité dans leur expédition parce que souvent l’accès auprès du maire
deviendrait difficile et que tout ce qui concernerait la ville serait sans
doute traité avant les choses qui intéresseraient les villages.
Que l’expérience
qu’ils avaient acquise lors de la formation des administrations centrales dont
les délibérations étaient souvent prises avec partialité et où les réclamations
peu éloquentes de l’homme de la campagne étaient souvent rejetées quoique
justes leur fait redouter la réunion proposée qui pourrait entrainer les mêmes
inconvénients.
Que le motif
d’amélioration de l’esprit public est mal fondé en ce que le magistrat du
village, bien choisi, exerce une influence continuelle sur ses administrés avec
qui il est plus en rapport de langage et d’habitude que le citadin.
Qu’en considérant la
chose sous le rapport de la moralité, l’homme de la campagne ne peut que perdre
en fréquentant trop souvent la ville où il contracte des besoins factices, ce
qui arriverait dans le cas de réunion.
Par ces motifs les
membres du conseil… (se prononcent pour)… le rejet de la réunion demandée »
De même le conseil municipal de Losne,
« …a considéré
qu’il y aurait peu d’avantage à consentir à ladite réunion, qu’au contraire il
y aurait beaucoup d’inconvénients la commune étant composée de trois hameaux et
deux rentes considérables formant trois sections distantes les unes des autres
de plus de trois kilomètres, que d’un autre côté la commune de Losne étant
séparée de la ville de Saint-Jean-de-Losne par la Saône sur laquelle il existe
un pont qui est dans le plus mauvais état, que ce pont étant en ruine peut
tomber incessamment et qu’alors toute communication serait interrompue entre
les deux pays.
Considérant aussi que
la commune étant peuplée de plus de mille âmes il est essentiel pour une exacte
surveillance que l’autorité administrative y réside, que pendant une partie de
l’année 1815 l’administration de la commune avait été confiée à M. le maire de
Saint-Jean-de-Losne, que pendant ce temps les intérêts des habitants ont
beaucoup souffert.
Ont délibéré qu’ils ne
peuvent consentir à la réunion de la commune de Losne à la ville de Saint-Jean-de-Losne…. »
On était alors en présence de deux mondes bien
différents : la ville et la campagne, et la proposition de
l’administration était obligatoirement ressentie par la population de
cultivateurs des communes rurales comme le projet de leur asservissement aux
intérêts des notables et des marchands de la ville.
On mesure aussi dans ces textes la difficulté réelle des
communications entre les villages et Saint-Jean-de-Losne à cette époque :
le pont de Saône était encore en bois, il s’est écroulé définitivement en 1830 et
n’a été remplacé par un pont de pierre qu’en 1838. La levée entre Saint-Usage
et Saint-Jean-de-Losne était souvent coupée par les inondations et le pont qui
existait sur les anciens fossés de la ville était aussi en très mauvais état.
Les chemins joignant Echenon à Saint-Jean-de-Losne et Losne à Chaugey et
Maison-Dieu étaient submergés à chaque crue de la Saône …
Ces raisons du rejet nous semblent, aujourd’hui, d’un autre
temps. Mais il faut s’en souvenir, et ne pas oublier qu’il y a eu ensuite
encore d’autres tentatives différentes, qui ont toutes échoué.
Si
depuis la publication de l’article précédent, beaucoup d’opinions favorables se
sont manifestées, d’autres arguments peuvent à coup sûr être opposés au projet
de fusion des communes : il faut retenir de cet échec passé la maladresse
de l’administration et la nécessité d’un travail de construction concertée par
tous les partenaires et d’explication du projet afin que chaque commune puisse
en mesurer l’intérêt et y adhérer.
Pierre Marie Guéritey, 21 janvier 2014
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