Les panneaux de chêne moulurés et
sculptés de motifs religieux en bas-reliefs, jadis posés au-dessus des sièges
et constituant les dosserets et parties hautes de ces stalles ont été déposés
en 1886 et redistribués contre les murs de l’abside et des chapelles de Saint
Joseph et de la Vierge où se trouvent aussi les jouées et une partie de la
corniche.
Construction
des stalles au XVIIIe siècle :
En 1754, la construction des nouvelles
stalles est décidée par la fabrique. La confrérie de Saint Yves y contribue.
L'exécution des stalles est confiée à Antoine Charcot, maître menuisier à Dijon,
qui a construit la même année celles de la Chapelle aux Riches à Dijon. Les
plans ont été dressés en 1756 par Jacques Surlut, lui aussi maître menuisier à
Dijon.Cet ensemble présentant dix stalles de chaque côté est achevé en 1757. Le peintre Jean Courand cadet, reçoit 126 livres le 25 novembre 1757 pour les vernir. Des panneaux de boiseries sont ajoutés par Charcot au-dessus de ces stalles et payés 200 livres le 11 juin 1758.
Mutilation
des stalles en 1886 :
Malheureusement, cet ensemble est aujourd’hui
dispersé. Dès 1853, et ensuite à chacune de ses visites pastorales Mgr. Rivet
(archevêque de Dijon de 1838 à 1884) a demandé
que les panneaux sculptés de la partie supérieure des stalles soient démontés,
faisant remarquer que ces stalles « choquaient
l’œil aussi bien que les convenances architecturales » ! C’est
l’abbé Jules Thomas curé de Saint-Jean-de-Losne qui a fini par obtempérer,
après la mort de Mgr Rivet, en 1886, à l’occasion des travaux exécutés dans
l’église pour la célébration du 250ème anniversaire du siège de
1636.Ces boiseries en chêne ont été conservées et se trouvent distribuées en désordre contre les murs de la chapelle de la Sainte Vierge, de Saint Joseph et autour du sanctuaire.
Programme
décoratif des stalles (reconstitution) :
De chaque côté, on trouvait une jouée à
chaque extrémité, ornée de motifs végétaux (fleurs, fruits), et trois panneaux
plats au grand cadre ornés d’angelots, avec quatre panneaux sculptés
intercalés.
Au total quatre jouées, six panneaux
plats et huit panneaux sculptés. Ceux-ci présentent des compositions en
bas-reliefs où on identifie sans peine des thèmes précis :
- l’ancien testament :Mitre hébraïque, les tables de la loi (avec inscriptions hébraïques), les trompettes de Jéricho, le serpent d’airain enroulé sur le bâton d’Aaron, le tout sur un fond de pampres et de grappes de raisin, la harpe et la couronne de David. (actuellement dans la chapelle de la Ste Vierge).
- le nouveau testament :
Présente les insignes de la papauté : la tiare, la croix papale à trois traverses, l’étole, les tables de la loi (sans inscription), un chandelier et une aiguière. (actuellement dans la chapelle de saint-Joseph).
Autour du maître autel :
2 Panneaux : le pèlerinage et la Communion
- les instruments de la messe (1): le calice, la patène, l’encensoir, l’étole, le livre, deux hautbois.
- Les insignes d’un archevêque :
La crosse, la mitre, pallium, croix à
deux traverses, encensoir, seau avec goupillon et buis.
- Les attributs du martyre :
couronne de lauriers, croix,
entrecroisée avec un lys surmontant une urne et une gloire Jéhovah, casque
romain, arc, flèche, carquois et épée.
- la communion :
calice, la patène, épis de blé, livre,
aiguière et bassin, chandelier entrecroisé avec un bâton de procession à
lanterne et une croix à deux traverses, lampe.
- Le pèlerinage :
livre, vases, coquille, serpent
(instrument de musique), entrecroisé avec des flambeaux, seau.
- Les instruments de la
messe (2):
Livre, étole, canons de l’autel, deux
chandeliers entrecroisés, une flûte ou chalumeau double.
Les
deux panneaux présentant les instruments de la messe sont légèrement concaves
et se trouvaient donc à l’entrée des stalles du côté de la nef. Il serait
facile de remettre cet ensemble en ordre et à sa place et de retrouver ainsi le
décor complet du chœur.
Un sauvetage
urgent et nécessaire
Ces
boiseries, d’une qualité exceptionnelle autant par leur programme décoratif que
par le matériau et la finesse d’exécution de la menuiserie et de la sculpture
ont échappé au vandalisme révolutionnaire. La
quasi-totalité du meuble est conservée, mais ses éléments sont plaqués depuis
plus de 100 ans contre des murs de briques humides, les panneaux sont déformés
et les assemblages disjoints, le bois commence à pourrir à certains endroits.
Il est urgent de les enlever de leur situation actuelle pour les étudier, les traiter, les restaurer afin de pouvoir reconstituer l’ensemble, dans le cadre de la restauration complète de l’église, reconnue nécessaire depuis plusieurs années.
Ignorer cette priorité équivaut à décider à court
terme la ruine de l’église et de son mobilier, classés monuments historiques, siège
de la paroisse de Saint-Jean-de-Losne, et éléments essentiels du patrimoine de la
ville.
Pierre Marie Guéritey, janvier 2014
© Texte et Photos Pierre Marie Guéritey
On se demande bien ce qui choquait l'archevêque dans ces décors on ne peut plus religieux...
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