L‘année
1709 a été marquée par une grande famine due à une conjonction de conditions
climatiques exceptionnellement défavorables en janvier :
le
1er novembre 1709, le Frère J. Perreault, procureur de l’abbaye de Maizières écrit :
« Mémoire
de la malheureuse année 1709
En automne de 1708, pendant les semailles, il fit des pluies
presque continuelles, ce qui fut cause qu’on sema fort tard et que les blés
n’eurent pas le temps de prendre bonne racine avant la gelée qui arriva de
bonne heure, car en allant à la foire de Verdun [28 octobre] il y avait de la
glace par les chemins, cette gelée ne dura pas beaucoup. Le temps s’étant
radouci, les blés commencèrent à trésir partout et devinrent beaux, il n’y eut pas
de froid considérable jusqu’au jour des Rois de 1709 qu’il s’éleva le matin une
bise assez grande, il plut sur les dix heures du matin et sur les deux heures
après midi la bise devint si forte et le froid si violent qu’on [n’] en avait
pas vu de semblable, cette bise dura 17 jours et fut si forte que les hommes
mouraient sur les chemins, il y eut beaucoup de neige mais elle tomba trop tard
car la terre était gelée communément de trois pied de profondeur, les blés
furent gelés et morts les arbres perdu et morts surtout les noyers [...] »
AD71,
J4
La disette n’a semble-t-il pas été
la seule cause de la surmortalité constatée pendant l’année 1709 : la même
année, une terrible épidémie a ravagé la Bourgogne pendant plusieurs mois. Le
28 février 1710, le frère Jean Baptiste Declume, prieur et procureur du couvent
des carmes de Saint-Jean-de-Losne en a fait une relation circonstanciée, insérée
dans le « livre des recettes et dépense du couvent des R.P. Carmes de la
ville de St Jean de Lône ».
Ce document nous est parvenu grâce à
la copie qu’en a faite Nicolas Fleury, avocat et procureur à
Saint-Jean-de-Losne, receveur de ville et de la fabrique jusqu’à sa mort le 17 février
1780, dans son manuscrit : Annales de Saint Jean de Losne :
Supplément aux annales de Saint Jean de lône Contenant un second recueil de
plusieurs pièces notables tant anciennes que nouvelles concernant ladite ville,
lesquelles ont été trouvées et découvertes depuis le premier recueil fait en
1761, avec la continuation d'icelles annales jusqu'en la présente année 1773.
Le tout tiré des papiers et registres tant de l'église paroissiale que de
l'hotel de ville et du jeu de l'arc de ladite ville et mis en ordre
chronologique par Me Nicolas fleury avocat à la cour, ancien échevin
et receveur actuel de la même ville.
(Collection de Martène, château d’Estrablin, AD21,
1Mi 435 et 1 Mi 436)
Ces
manuscrits de Nicolas Fleury ont été largement utilisés par Philippe Dhetel
pour la rédaction de son ouvrage historique sur Saint-Jean-de-Losne : Annales historiques de la ville de St Jean de
Losne Côte-d'Or et ancien Duché de Bourgogne depuis ses origines jusqu'à 1789
et d'après les archives départementales et communales, 2 vol, Paris,
Ancienne librairie Honoré Champion éditeur, 5, quai Malaquais, 1908.
Une
liasse de notes préparatoires prises par Dhetel, en particulier dans les
manuscrits de Fleury, se trouve maintenant aux archives départementales de la Côte-d’Or
(AD21, AJ0 775). Dhetel a recopié in extenso le mémoire de Jean
Baptiste Declume, mais dans son ouvrage, il a seulement traité de la crise des subsistances sans évoquer l’épidémie.
Le
texte de Jean Baptise Declume révèle une véritable hécatombe dans toute la
province en 1709, mais ne précise pas la nature de la maladie, que
dit-il ?
- L’introduction de la maladie est due à des
« pauvres », étrangers à la province qui, venant y chercher des
aumônes ont amené la maladie avec eux.
- Les foires ont été un véhicule efficace de la contagion
- la maladie a tué principalement des adultes
-certaines parties de la province ont été plus
touchées que d’autres
- Les malades qui ont guéri ont mis très longtemps
à se remettre
-L’épidémie a eu de graves conséquences économiques
Declume remarque l’efficacité d’une certaine forme de confinement de la ville de Dole. Il constate, et s’en étonne presque, que nombre de victimes appartiennent aux classes aisées. Enfin, il évoque longuement les traitements appliqués par les médecins tout en soulignant leur empirisme et leur relative inefficacité…
Aujourd’hui, à la fin de l’année 2020, ce texte vieux de plus de 300 ans est instructif à bien des égards…
à lire ci-dessous :
LE MEMOIRE DE JEAN-BAPTISTE DECLUME
consulter aussi :
https://www.archives71.fr/arkotheque/client/ad_saone_et_loire/_depot_arko/articles/82/hiver-1709_doc.pdf
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