Sous l’ancien
Régime venir au secours des miséreux n’était pas facile. l’Administration exerçait déjà un strict contrôle sur les comptes des
communes.
le curé
de Saint-Symphorien est ému par la misère de pauvres orphelins… les
maigres revenus de sa cure ne lui permettent pas de prendre entièrement à sa
charge ces « pauvres innocents ». Les habitants de la commune, pour
la plupart également dans la misère, sont disposés à aider leur curé. Mais il
leur faut l’autorisation de l’administration : le subdélégué (sorte de
sous-préfet qui se trouvait alors à Saint-Jean-de-Losne) et l’Intendant de la
Province de Bourgogne (en quelque sorte l’équivalent du préfet…)
« Monseigneur,
Un homme de
ma paroisse s’est noyé l’an passé dans la Saône.
Sa veuve,
âgée de trente ans, par cet accident réduite à la mendicité, enceinte, chargée
de plus de deux enfants, vient de mourir, le puiné est mort quinze jours avant
elle, il en reste encore deux : l’ainée est âgée de huit ans, le dernier
un garçon de cinq mois.
Aucun parent
capable de leur procurer les moindres secours.
Dans tout son
mobilier il ne s’est trouvé qu’un méchant lit et une pétrissoire où elle
faisait son pain et couchait ses enfants.
Ma paroisse
est très petite n’étant composée que d’une trentaine de feux.
Hors trois
habitants qui sont d’une fortune médiocre, les autres, si ce n’était la honte
ou la crainte, iraient chercher leur pain.
Ils sont tous
néanmoins touchés de compassion pour ces pauvres innocents, ils voudraient
pouvoir faire quelque chose en leur faveur mais ils sont déjà trop chargés par
cette multitude de mendiants de religion et de vagabonds de profession qui
inondent ces pays.
La communauté
a environ cinq à six cents Livres de revenus annuels sur les Pâquiers de Losne.
Je ne me sens
pas assez fort pour supporter cette charge seul je voudrais pouvoir de tout mon
cœur ne la partager avec personne ni importuner personne je connais trop le
prix d’une pareille œuvre.
Je m’engage à
payer la moitié des mois de nourrice de l’enfant de cinq mois et de le vêtir
tout le temps qu’il aura besoin de secours étranger. S’il vous plaisait,
Monseigneur, de permettre à la communauté de payer conjointement avec moi
l’autre moitié des mois de nourrice, nos habitants m’ont paru tout disposés,
s’ils avaient votre consentement.
Ils sont si
fort touchés de compassion à l’égard de ce pauvre petit innocent que ni eux ni
moi ne se soucient de le faire placer ailleurs.
J’ai
l’honneur d’être avec un très profond respect
Monseigneur
Votre très
humble et très obéissant serviteur
Godard curé
de St Symphorien
Rel[igieux]
de St Vivant
St Symphorien
proche St Jean de Losne
Ce 4 avril
1773 »
Pour réaliser
cette bonne action, les habitants et leur curé ont dû en référer au subdélégué à
Saint-Jean-de-Losne, qui a transmis la demande à l’intendant de la province,
Amelot de Chaillou. Eu égard aux faibles revenus de la commune (cinq à six
cents Livres de revenus annuels), le subdélégué Martène a fixé la générosité
communale à 12 écus par an (36 Livres) pendant quatre ans, cette somme, versée
au curé devant figurer dans ses comptes….
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