Les habitants
de Saint-Jean-de-Losne ont montré encore une fois leur bravoure, en
résistant aux troupes des coalisés qui poursuivaient l’armée de
Napoléon 1er
pendant la campagne de France….
Le 15 janvier
1814, les troupes autrichiennes approchent de Losne. Le maire de
Saint-Jean-de-Losne, Pierre Coste,
réunit le conseil municipal et prend des mesures visant à assurer
le plus grand calme. Le commandant de la garde nationale, Marion,
est chargé d’en assurer l’exécution. Le Maire attend l’arrivée
de 9 cavaliers et 250 à 300 fantassins en provenance d’Auxonne. Le
16 janvier a lieu la première escarmouche. Le Maire en rend compte
au préfet :
« quelque-uns
de nos concitoyens à cheval et beaucoup d’autres à pieds et armés
se sont réunis à l’instant à la troupe et ont couru ensemble au
poste ennemi qui a été emporté de vive force après un sanglant
combat. Onze d’entre eux ont été faits prisonniers, quatre ont
été tués et sept se sont sauvés ».
Le même jour,
le pont est coupé. La délibération prise le 17 janvier fait état
de 19 prisonniers autrichiens. Des nouveaux combats ont lieu. Une
commission est nommée pour organiser une compagnie formée
d’habitants originaires du canton âgés de 20 à 50 ans. Le 18
janvier, le maire fait une proclamation aux habitants de la ville :
« Le
zèle, le dévouement, la bravoure de plusieurs d’entre vous,
favorisent les obstacles que nous opposons à l’ennemi. Tous se
réunir pour rétablir dans vos âmes la sécurité indispensable
pour agir avec sang-froid et continué l’exécution de nos mesures
de précautions. Quelques-uns semblent voir avec peine le départ de
quelques femmes et enfants ainsi que l’exportation de quelques
marchandises. Et que vous importe ! Les femmes et les enfants ne
peuvent pas nous être d’une grande utilité. Nous ne pouvons en
quelque sorte refuser le départ aux femmes surtout, dont l’extrême
sensibilité pourrait peut-être paralyser le zèle de leurs maris.
D’ailleurs nous restons à notre poste, le Commandant de la Garde
Nationale ne le quittera pas, des renforts sont sollicités et nous
sommes dans la confiance de les obtenir.
Courage,
fermeté, résolution pleine et entière
Et tout
nous annonce que nous réussirons. »
Suit un renvoi
qui dit : « Une lettre de
Chalon datée du 16 courant et que je lis à présent annonce
positivement que les Chalonnais eux-mêmes aidés de 60 hommes du
même régiment que celui dont partie est ici, ont forcé l’ennemi
à évacuer Saint-Marcel. Des actes de bravoures sont cités de la
part des chalonnais. Vous voyez qu’à Chalon, comme ici, il y a des
braves. »
Pierre
Coste
Une maison est
réquisitionnée pour loger la troupe venue en renfort.
Malgré cette
résistance, les coalisés entrent dans Saint-Jean-de-Losne le 20
janvier. Le 24 janvier 1814, le général ennemi entre à la tête de
4000 hommes dans Saint-Jean-de-Losne. L’atmosphère y est
glaciale : toutes les habitations et les commerces sont fermés.
Le commandant de la troupe tient à rassurer la population sur ses
bonnes intentions. Antoine Hernoux
s’empresse d’inviter les habitants à
faire bonne figure à l’occupant. Pierre Coste
est emmené au Q.G. de Sampans, il est libéré le 30 janvier. La
ville sera en permanence occupée par les troupes autrichiennes et
les réquisitions effectuées par celle-ci seront très lourdes.
Le 6 avril,
Napoléon abdique, le 13, il signe le traité de Fontainebleau et est
exilé à l’île d’Elbe. Moins d’un an plus tard, le 14 mars
1815 il est de retour et il remet la Légion d’Honneur aux villes
de Saint-Jean-de-Losne, Tournus et Chalon sur Saône.
« Le 14 mars 1815, Napoléon
coucha à Chalon sur Saône, il y reçut une députation de
Saint-Jean-de-Losne ; cette petite ville, fidèle au souvenir
d’une défense héroïque en 1636, avait également, le 17 janvier
1814 opposé aux Autrichiens la résistance la plus énergique.
« Je ne puis me rendre chez
vous dit-il aux membres je le regrette, dites à votre digne
maire que je lui donne la croix, car c’est pour vous, Braves gens
que j’ai institué la légion d’honneur et non pour les émigrés
pensionnés par nos ennemis ». Et le 27 avril 1815, Napoléon
confiait à la Bravoure des habitants de Saint-Jean-de-Losne deux
pièces de canon avec un approvisionnement de 200 coups par pièce. »
Mais le 18
juin, la Grande Armée est défaite à Waterloo, Napoléon abdique
une seconde fois le 21 juin 1815, il est exilé à Sainte Hélène où
il meurt le 5 mai 1821.
© Texte Pierre Marie Guéritey
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