A mi-chemin entre Dijon et Dole, Saint-Jean-de-Losne n'a pas comme seul titre de gloire d'être une des plus petites communes de France!... Son patrimoine évoque un passé glorieux et prospère. Des manifestations notamment culturelles s'y déroulent, qui méritent d'être découvertes. Il ne suffit pas d'y passer en bateau ou en vélo, il faut s'y arrêter...

mercredi 5 août 2015

Le bastion de pierre : un site archéologique à explorer

L’actuel quai Molière borde d’un côté l’ancien mur de la ville et de l’autre les bâtiments industriels désaffectés de CBV au bord de la Saône.
Ce terrain est l’ancien « bastion de pierre » construit après le siège de 1636.

 

En mai 1636, le roi de France (Louis XIII) qui craignait que les francs comtois ne viennent établir dans l’abbaye de Losne un poste fortifié en face de la place forte française de Saint-Jean-de-Losne, ordonne la démolition de l’abbaye. Ni les habitants de Saint-Jean-de-Losne ni ceux du village de Losne n’ont eu leur mot à dire dans cette affaire.
Les bâtiments et l’église de l’abbaye sont démolis à partir de juin 1636 et les matériaux, qui encombraient le village, transportés sur la rive droite. Après le siège, les Saint Jean de Losnais s’en serviront en 1637 pour réparer les remparts et construire un nouveau bastion en pierres.
Une nouvelle église est construite à Losne partir de 1695 et consacrée le 10 août 1699
 Ce « bastion de pierre », en amont du portail neuf ou port de l’Hôpital est un terrain gagné sur la rivière, adossé au mur de la ville, remblayé à l’aide des démolitions de l’abbaye et entouré d’une muraille construite avec les pierres de celle-ci.
Le cimetière y a été installé de 1792 à 1823. Après le déplacement du cimetière intercommunal sur le territoire de Saint-Usage, ces terrains ont été loués par la ville à des particuliers pour y faire des jardins ou entreposer des matériaux.

 
Situation de l'ancien cimetière sur le bastion de pierre (plan d'alignement 1843)

Dans son ouvrage L'Abbaye de Notre-Dame de Lône et ses succursales, de l'ordre de Cluny : étude historique d'après les documents originaux, avec carte et plan des lieux, (Dijon : Rabutot, 1864), Philippe Dhétel notait, p 176.
« Ce n’est plus aujourd’hui qu’une hideuse ruine d’où l’on voit de temps à autre émerger d’un blocage de mortier une pierre tombale des religieux de Lône Je me rappelle avoir vu il y a vingt ans la partie supérieure d’une de ces belles pierres roses sur laquelle l’image du défunt était gravée au trait La brisure de la pierre ne laissait voir que le buste et les mains jointes sur la poitrine avec un fragment d’arcature ogivale.».
Ainsi, sur ce terrain, dans les années 1840, on voyait des pierres gravées, que Dhétel identifie comme des pierres tombales de l’ancienne abbaye de Losne, mais il pouvait rester aussi des fragments des monuments du cimetière, du début du XIXe s.

Enfin, la société CBV y a installé un ensemble de bâtiments industriels dans les années 1950, repris ensuite par la société Deutz-Marine et aujourd’hui à l’abandon depuis de nombreuses années. (Le bâtiment de l'ancienne chaudronnerie Jovignot, exploité aujourd'hui par l'Atelier Fluvial se trouve aussi sur ce "bastion de pierre", cf. plan de Saint-Jean-de-Losne ci-contre).

vue aérienne (vers 1960) 

 

Autre vue aérienne (Carte postale vers 1960)

Le sol de ce terrain renferme encore certainement des vestiges des bâtiments et de l’église de l’ancienne abbaye de Losne, ainsi que des restes de monuments funéraires de l’époque révolutionnaire et du début du XIXe s. (voire plus anciens, apportés de l’ancien cimetière en 1792), demeurés en place après  le transfert du cimetière en 1823.
Une exploration archéologique préalable devra être programmée avant toute éventuelle opération future d’urbanisme sur ce site, pour recueillir les vestiges de l’Abbaye de Losne et des anciens cimetières de Saint-Jean-de-Losne.

Pierre Marie Guéritey 05 08 2015
 


1 commentaire:

  1. merci Pierre pour cette alerte !
    il est utile de préciser que les matériaux de l'abbaye furent déposés pour être maçonnés sur plusieurs mètres d'épaisseur, EN POURTOUR de ce futur bastion, c'est ce qui ressort du procès verbal de l'époque, du plan ci-dessus de 1843 (trait épais) et du plan de 1759 (ADCO C1568). La partie intérieure du bastion n'a à priori pas été comblée avec les matériaux de l'abbaye et servit effectivement pour le cimetière en 1823 comme précisé dans l'article ci-dessus.
    Dhetel toujours bien informé, n'a pu faire la confusion entre les restes de ce cimetière et ceux de l'abbaye qui effleuraient du pourtour du bastion. C'est en tout cas mon opinion.
    Il est dommage que la réfection récente du quai Molière n'ait pas fait l'objet de dragage ou de fouilles préventives malgré mon courrier argumenté, adressé à la mairie de Saint-Jean-de-Losne en son temps.
    Nous devrons maintenant être vigilant pour que les futurs aménagements du sol se fassent dans une procédure normale, après un diagnostic archéologique c'est ce que mérite notre ville historique de Saint-Jean-de-Losne et c'est notre dernière chance de retrouver des vestiges de notre abbaye...
    personne ne peut ignorer dorénavant cette alerte !
    Alain Cessot

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