L’été, la ville de Saint-Jean-de-Losne est le théâtre de
graves incivilités et tapages nocturnes, si on en croit les deux rapports
suivants :
La chambre de l’hôtel de ville de St-Jean-de-Losne assemblée
Me Charles Oudry procureur syndic a remontré que depuis longtemps
il lui a été porté des plaintes que différents particuliers de cette ville n’ayant
pas soin de renfermer leurs chiens pendant la nuit, les laissent coucher dans
les rues et font des hurlements qui épouvantent les habitants et troublent leur
repos, invite la chambre de délibérer sur le parti à prendre sur cet objet en requérant
à ce que la délibération qui sera prise sur cet objet soit publiée et affichée
à ce que personne n’en ignorent.
…la chambre en renouvelant ses précédentes ordonnances a
fait très expressément inhibition et défense à toutes personnes de telles
condition et qualité qu’elles soient de laisser coucher dehors leurs chiens à
peine de dix livres d’amende contre chacun contrevenant, et demeure néanmoins
permis à toutes personnes qui en seraient incommodées de tirer ou faire tirer
dessus et sera la présente ordonnance publiée et affichée aux carrefours de
cette ville a ce que personne n’en ignore ».
Et encore :
« Ce jourd’hui vingt-trois juillet …
La chambre de police de la ville de St-Jean de-Losne
assemblée
Me Charles Oudry procureur syndic a remontré que plusieurs
personnes lui ont porté plainte qu’il y a quelques temps pendant la nuit les
deux fils de Pierre Demougeot maréchal en cette ville accompagné d’autres
jeunes gens dont on n’a pu décliner les noms au procureur syndic ont chanté et
fait du bruit dans les rues dont plusieurs personnes ont été éveillées et s’en
sont trouvé être incommodées.
Que la nuit de dimanche dernier vingt de ce mois au lundi 21
sur environ les onze et demi et minuit les nommé Hugues Gimelet fils d’Hugues
Gimelet patron sur la rivière de Saône, Gervais Bouhey fils de la dlle
Claude Bouhey, Soieux fils de Jean Baptiste Soieux portefaix, Charles fils de
Claude Charles Maréchal et Boulée fis de Jacques Boulée cordonnier, tous
résidants en cette ville ont chanté dans les rues et particulièrement dans la
rue du Saule et sur le pont de cette ville des chansons obscènes et si malhonnêtes
que les personnes qui étaient sur le pont à se promener et à prendre l’air
furent obligées de se retirer ; qu’ils firent un si grand bruit en
chantant que plusieurs personnes en furent éveillées et que le bruit occasionna
l’aboiement et l’hurlement des chiens, que les personnes les plus profondément
endormies en furent éveillées, que la même nuit l’on a déplacé un gros pied en
pierre qui portait aussi une table en pierre qui était appuyée contre le mur du
domicile de M. l’abbé Coindey, lequel pied en pierre fut roulé jusqu’au milieu
de la rue que l’on ne peut présumer pour auteurs de ce déplacement que les dits
Gimelet, Bouhey, Charles, Soieux et Boulée, qu’il et du plus grand intérêt et
du devoir du ministère publique de faire cesser de pareils bruits et de pareils
scandales qui ne sont que trop fréquents et maintenir le bon ordre et par là
assurer le repos et la tranquillité des citoyens, que les particuliers ci-devant
dénommés sont d’autant plus répréhensibles que les règlements de police qui
font défenses de faire du bruit la nuit leur sont connus pour avoir été publiés
et affichés différentes fois ; qu’en conséquence il avait fait citer par
billets de citations portés le jour d’hier par le sergent de service à
comparaître ce jourd’hui en la chambre en la présente heure d’une de relevée… »
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