A mi-chemin entre Dijon et Dole, Saint-Jean-de-Losne n'a pas comme seul titre de gloire d'être une des plus petites communes de France!... Son patrimoine évoque un passé glorieux et prospère. Des manifestations notamment culturelles s'y déroulent, qui méritent d'être découvertes. Il ne suffit pas d'y passer en bateau ou en vélo, il faut s'y arrêter...

vendredi 21 février 2014

Un anniversaire oublié : l’invasion de 1814 à Saint Jean-de-Losne.

Les habitants de Saint-Jean-de-Losne ont montré encore une fois leur bravoure, en résistant aux troupes des coalisés qui poursuivaient l’armée de Napoléon 1er pendant la campagne de France….
Le 15 janvier 1814, les troupes autrichiennes approchent de Losne. Le maire de Saint-Jean-de-Losne, Pierre Coste, réunit le conseil municipal et prend des mesures visant à assurer le plus grand calme. Le commandant de la garde nationale, Marion, est chargé d’en assurer l’exécution. Le Maire attend l’arrivée de 9 cavaliers et 250 à 300 fantassins en provenance d’Auxonne. Le 16 janvier a lieu la première escarmouche. Le Maire en rend compte au préfet :
« quelque-uns de nos concitoyens à cheval et beaucoup d’autres à pieds et armés se sont réunis à l’instant à la troupe et ont couru ensemble au poste ennemi qui a été emporté de vive force après un sanglant combat. Onze d’entre eux ont été faits prisonniers, quatre ont été tués et sept se sont sauvés ».
Le même jour, le pont est coupé. La délibération prise le 17 janvier fait état de 19 prisonniers autrichiens. Des nouveaux combats ont lieu. Une commission est nommée pour organiser une compagnie formée d’habitants originaires du canton âgés de 20 à 50 ans. Le 18 janvier, le maire fait une proclamation aux habitants de la ville :
« Le zèle, le dévouement, la bravoure de plusieurs d’entre vous, favorisent les obstacles que nous opposons à l’ennemi. Tous se réunir pour rétablir dans vos âmes la sécurité indispensable pour agir avec sang-froid et continué l’exécution de nos mesures de précautions. Quelques-uns semblent voir avec peine le départ de quelques femmes et enfants ainsi que l’exportation de quelques marchandises. Et que vous importe ! Les femmes et les enfants ne peuvent pas nous être d’une grande utilité. Nous ne pouvons en quelque sorte refuser le départ aux femmes surtout, dont l’extrême sensibilité pourrait peut-être paralyser le zèle de leurs maris. D’ailleurs nous restons à notre poste, le Commandant de la Garde Nationale ne le quittera pas, des renforts sont sollicités et nous sommes dans la confiance de les obtenir.
Courage, fermeté, résolution pleine et entière
Et tout nous annonce que nous réussirons. »

Suit un renvoi qui dit : « Une lettre de Chalon datée du 16 courant et que je lis à présent annonce positivement que les Chalonnais eux-mêmes aidés de 60 hommes du même régiment que celui dont partie est ici, ont forcé l’ennemi à évacuer Saint-Marcel. Des actes de bravoures sont cités de la part des chalonnais. Vous voyez qu’à Chalon, comme ici, il y a des braves. »
Pierre Coste
Une maison est réquisitionnée pour loger la troupe venue en renfort.
Malgré cette résistance, les coalisés entrent dans Saint-Jean-de-Losne le 20 janvier. Le 24 janvier 1814, le général ennemi entre à la tête de 4000 hommes dans Saint-Jean-de-Losne. L’atmosphère y est glaciale : toutes les habitations et les commerces sont fermés. Le commandant de la troupe tient à rassurer la population sur ses bonnes intentions. Antoine Hernoux s’empresse d’inviter les habitants à faire bonne figure à l’occupant. Pierre Coste est emmené au Q.G. de Sampans, il est libéré le 30 janvier. La ville sera en permanence occupée par les troupes autrichiennes et les réquisitions effectuées par celle-ci seront très lourdes.
Le 6 avril, Napoléon abdique, le 13, il signe le traité de Fontainebleau et est exilé à l’île d’Elbe. Moins d’un an plus tard, le 14 mars 1815 il est de retour et il remet la Légion d’Honneur aux villes de Saint-Jean-de-Losne, Tournus et Chalon sur Saône.

« Le 14 mars 1815, Napoléon coucha à Chalon sur Saône, il y reçut une députation de Saint-Jean-de-Losne ; cette petite ville, fidèle au souvenir d’une défense héroïque en 1636, avait également, le 17 janvier 1814 opposé aux Autrichiens la résistance la plus énergique.
« Je ne puis me rendre chez vous  dit-il aux membres je le regrette, dites à votre digne maire que je lui donne la croix, car c’est pour vous, Braves gens que j’ai institué la légion d’honneur et non pour les émigrés pensionnés par nos ennemis ». Et le 27 avril 1815, Napoléon confiait à la Bravoure des habitants de Saint-Jean-de-Losne deux pièces de canon avec un approvisionnement de 200 coups par pièce. »


Mais le 18 juin, la Grande Armée est défaite à Waterloo, Napoléon abdique une seconde fois le 21 juin 1815, il est exilé à Sainte Hélène où il meurt le 5 mai 1821.

© Texte Pierre Marie Guéritey