Au moment de sortir de l’année
2020, et de souhaiter à tous une bonne et heureuse année 2021, jetons encore un
regard sur la terrible année 1709, et quelles ont été les mesures adoptées par
certains pour sortir de la crise.
Jacques Declume du couvent des
Carmes de Saint-Jean-de-Losne a donné force détails sur l’épidémie qui a décimé
la population : http://saint-jean-de-losnetourisme.blogspot.com/2020/11/une-terrible-epidemie-en-bourgogne.html
De son côté, le secrétaire du chapitre de la collégiale Notre-Dame de Beaune (Blaise Dutu) a inséré dans le registre des délibérations du chapitre (AD21, G2545) un long mémoire où il explique comment la ville de Beaune s’est organisée pour résister à la disette.(Ce texte est transcrit dans l’inventaire de la série G des archives départementales de la côte d’Or https://archinoe.fr/console/ir_ead_visu.php?PHPSID=cccf4e0cf9215df6068251a1c11088c9&ir=26597#
On en trouvera aussi la transcription par le lien ci-dessous
AD21, G2545, p.168 |
Le 31 décembre 1709, il expose les mesures prises dans la ville de Beaune, et il se félicite de leur efficacité affirmant qu’elles ont maintenu dans la ville « une petite abondance », il constate aussi que si à Macon, source de l’épidémie, elle
a fait 1200 morts et à Chalon-sur-Saône 2000, il n’y a eu à Beaune que 300 victimes. Un satisfecit qui conclut ce rapport sur cette année qui fut « l’année de la colère de Dieu »
Ces mesures peuvent se résumer
ainsi :
- Anticipation : dès le
début de la crise un comité opérationnel est créé qui organise des approvisionnements
d’urgence effectués dans les villages alentour (par des méthodes d’ailleurs
assez discutables…)
- Secours aux pauvres : ils sont exactement recensés et répartis en 4 classes :« La première des vieux, la 2e des infirmes, la 3e des mendiants valides et des enfants en état de travailler et la 4e des enfants en bas âge »
Les deux premières catégories sont hébergées chez
des bourgeois aisés qui devront assurer leur subsistance, des soupes populaires
quotidiennes sont organisées pour la 3e catégorie, et des
distributions de bouillies pour les mères allaitantes.
- Mesures de police strictes,
avec une milice bourgeoise qui garde les 4 portes de la ville, fouille les
entrants et les sortants, et effectue des rondes dans la ville et les faubourgs.
- Étroite surveillance et
gestion rigoureuse des « greniers d’abondance ». Après
recensement des ressources et des besoins de chaque famille, distribution de
quantités adaptées de blé et de farine à chacune.
- Financement d’une partie
du prix des achats de blés par les communautés religieuse et les habitants les
plus riches pour diminuer le prix payé par les familles de la ville.
Beaune et ses faubourgs (atlas des routes, AD21) |
En lisant ce texte, on ne peut
s’empêcher de se poser quelques questions:
- Sans douter de la sincérité de Blaise Dutu, on peut s’interroger sur la réelle acceptation spontanée et unanime de cet état d’urgence par tous les habitants de Beaune.
- on peut aussi se demander quelles ont été les conséquences de cette organisation de la ville sur la population des « paisans » de la campagne avoisinante, dépouillés de leurs provisions et impitoyablement pourchassés dès qu’ils tentaient de s’approcher de la ville et de ses faubourgs ….
Bibliographie :
François Delessard, « La crise de 1709-1710 en Bourgogne : les autorités provinciales et la remise des terres en culture », Annales de Bourgogne : revue historique trimestrielle publiée sous le patronage de l'Université de Dijon et de l'Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, Tome XXIX n°114, avril-juin 1957, p 81-112.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3205397z/f5.item.r=beaune%201709
Yvette Darcy-Bertuletti, Tableau
des mesures les plus courantes en usage dans le pays beaunois. http://www.beaune.fr/IMG/pdf/Metrologie.pdf
Je crois que j'aurais du mettre un point d'interrogation à la fin du titre ...
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