A mi-chemin entre Dijon et Dole, Saint-Jean-de-Losne n'a pas comme seul titre de gloire d'être une des plus petites communes de France!... Son patrimoine évoque un passé glorieux et prospère. Des manifestations notamment culturelles s'y déroulent, qui méritent d'être découvertes. Il ne suffit pas d'y passer en bateau ou en vélo, il faut s'y arrêter...

lundi 16 novembre 2020

Une terrible épidémie en Bourgogne


          L‘année 1709 a été marquée par une grande famine due à une conjonction de conditions climatiques exceptionnellement défavorables en janvier :

le 1er novembre 1709, le Frère J. Perreault, procureur de l’abbaye de Maizières écrit :

« Mémoire de la malheureuse année 1709

 En automne de 1708,  pendant les semailles, il fit des pluies presque continuelles, ce qui fut cause qu’on sema fort tard et que les blés n’eurent pas le temps de prendre bonne racine avant la gelée qui arriva de bonne heure, car en allant à la foire de Verdun [28 octobre] il y avait de la glace par les chemins, cette gelée ne dura pas beaucoup. Le temps s’étant radouci, les blés commencèrent à trésir partout et devinrent beaux, il n’y eut pas de froid considérable jusqu’au jour des Rois de 1709 qu’il s’éleva le matin une bise assez grande, il plut sur les dix heures du matin et sur les deux heures après midi la bise devint si forte et le froid si violent qu’on [n’] en avait pas vu de semblable, cette bise dura 17 jours et fut si forte que les hommes mouraient sur les chemins, il y eut beaucoup de neige mais elle tomba trop tard car la terre était gelée communément de trois pied de profondeur, les blés furent gelés et morts les arbres perdu et morts surtout les noyers [...] »

AD71, J4

            La disette n’a semble-t-il pas été la seule cause de la surmortalité constatée pendant l’année 1709 : la même année, une terrible épidémie a ravagé la Bourgogne pendant plusieurs mois. Le 28 février 1710, le frère Jean Baptiste Declume, prieur et procureur du couvent des carmes de Saint-Jean-de-Losne en a fait une relation circonstanciée, insérée dans le « livre des recettes et dépense du couvent des R.P. Carmes de la ville de St Jean de Lône ».

            Ce document nous est parvenu grâce à la copie qu’en a faite  Nicolas Fleury, avocat et procureur à Saint-Jean-de-Losne, receveur de ville et de la fabrique jusqu’à sa mort le 17 février 1780, dans son manuscrit : Annales de Saint Jean de Losne : Supplément aux annales de Saint Jean de lône Contenant un second recueil de plusieurs pièces notables tant anciennes que nouvelles concernant ladite ville, lesquelles ont été trouvées et découvertes depuis le premier recueil fait en 1761, avec la continuation d'icelles annales jusqu'en la présente année 1773. Le tout tiré des papiers et registres tant de l'église paroissiale que de l'hotel de ville et du jeu de l'arc de ladite ville et mis en ordre chronologique par Me Nicolas fleury avocat à la cour, ancien échevin et receveur actuel de la même ville.

(Collection de Martène, château d’Estrablin, AD21, 1Mi 435 et 1 Mi 436)

            Ces manuscrits de Nicolas Fleury ont été largement utilisés par Philippe Dhetel pour la rédaction de son ouvrage historique sur Saint-Jean-de-Losne : Annales historiques de la ville de St Jean de Losne Côte-d'Or et ancien Duché de Bourgogne depuis ses origines jusqu'à 1789 et d'après les archives départementales et communales, 2 vol, Paris, Ancienne librairie Honoré Champion éditeur, 5, quai Malaquais, 1908.

            Une liasse de notes préparatoires prises par Dhetel, en particulier dans les manuscrits de Fleury, se trouve maintenant aux archives départementales de la Côte-d’Or (AD21, AJ0 775). Dhetel a recopié in extenso le mémoire de Jean Baptiste Declume, mais dans son ouvrage, il a seulement  traité de la crise des subsistances sans  évoquer l’épidémie.

            Le texte de Jean Baptise Declume révèle une véritable hécatombe dans toute la province en 1709, mais ne précise pas la nature de la maladie, que dit-il ?

- L’introduction de la maladie est due à des « pauvres », étrangers à la province qui, venant y chercher des aumônes ont amené la maladie avec eux.

- Les foires ont été un  véhicule efficace de la contagion

- la maladie a tué principalement des adultes

-certaines parties de la province ont été plus touchées que d’autres

- Les malades qui ont guéri ont mis très longtemps à se remettre

-L’épidémie a eu de graves conséquences économiques

 

            Declume remarque l’efficacité d’une certaine forme de confinement de la ville de Dole. Il constate, et s’en étonne presque, que nombre de victimes appartiennent aux classes aisées. Enfin, il évoque longuement les traitements appliqués par les médecins tout en soulignant leur empirisme et leur relative inefficacité… 

Aujourd’hui, à la fin de l’année 2020, ce texte vieux de plus de 300 ans est instructif à bien des égards…

à lire ci-dessous :

LE MEMOIRE DE JEAN-BAPTISTE DECLUME

consulter aussi :

https://www.archives71.fr/arkotheque/client/ad_saone_et_loire/_depot_arko/articles/82/hiver-1709_doc.pdf

 

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