A mi-chemin entre Dijon et Dole, Saint-Jean-de-Losne n'a pas comme seul titre de gloire d'être une des plus petites communes de France!... Son patrimoine évoque un passé glorieux et prospère. Des manifestations notamment culturelles s'y déroulent, qui méritent d'être découvertes. Il ne suffit pas d'y passer en bateau ou en vélo, il faut s'y arrêter...

mercredi 16 septembre 2020

Le Groupe scolaire de Saint-Jean-de-Losne


            Le thème des journées du Patrimoine 2020 : « Patrimoine et éducation : apprendre pour la vie ! » aurait dû inciter la ville de Saint-Jean-de-Losne à mettre en valeur un bâtiment exceptionnel aussi bien par son architecture que par son histoire : 

Le groupe scolaire, œuvre de l’architecte Alfred Sirodot, ingénieur des arts et manufactures, et architecte à Dijon (°Gray, 7 juillet 1831 -Dijon 28 novembre 1900).

             Alors que tous les villages des alentours ont construit une école moderne depuis plusieurs années, la ville de Saint-Jean-de-Losne, à la fin des années 1870, n’avait qu’une école de garçons installée dans l’ancien hôtel de ville place d’armes et une école libre de filles rue de l’Hôpital.

           La ville dont les finances étaient asséchées par des dettes antérieures (notamment consécutives à la guerre de 1870)  ne disposait ni d’un terrain approprié ni de l’argent nécessaire pour envisager une construction comparable à celle réalisée par exemple à Brazey-en-Plaine en 1854 par l’architecte Alfred Chevrot dont on trouvera les images dans la brochure de l’exposition que j’ai réalisée aux Archives départementales en 2017 : « Le val de Saône monumental au XIXe siècle » :

https://fr.calameo.com/read/0015242707f4638833a4f

             Charles Gabriel Mouillon, entrepreneur et  maire de Saint-Jean-de-Losne de 1871 à 1888 parvient  à réaliser un ensemble scolaire digne de la ville, alors chef-lieu de canton. Un premier projet élaboré en 1876 par l’architecte auxonnais Claude Phal (Perron), (°Auxonne 26 février 1822-21 août 1889) n’aboutit pas.

             La ville achète une propriété joignant la place des Halles et la rue du Château et l’architecte dijonnais Alfred Sirodot présente un projet plus ambitieux en 1881.  Ce projet est modifié pour être conforme au  Règlement pour la construction et l'ameublement des maisons d'école arrêté par le conseil  supérieur de l'Instruction publique et promulgué par Arrêté ministériel du 11 juin 1880. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5818370c/f25.image.vertical (Source gallica.bnf.fr / BnF), en ce qui concerne le nombre d’élèves par classe ne devant pas dépasser 50 (les écoles construites auparavant avaient une salle unique pour les garçons et une pour les filles pouvant accueillir chacune la totalité des garçons et des filles du village), le mobilier scolaire et les logements de l’instituteur et de l’institutrice etc. La construction est adjugée le 3 février 1883 à Gabriel Humbert entrepreneur à Arc-et-Senans pour 9526153 F. On trouvera aussi les plans du groupe scolaire de Saint-Jean-de-Losne dans la brochure de l’exposition « le val de Saône monumental au xixe siècle » :

https://fr.calameo.com/read/0015242707f4638833a4f

             Peu de temps après, la ville achète une propriété contiguë, ce qui permet de compléter l’ensemble par une école maternelle dans l’ancien bâtiment conservé du couvent des Ursulines.

Ecole maternelle, ancien bâtiment du couvent des Ursulines 

             Ainsi se trouve à saint-Jean-de-Losne un grand ensemble scolaire conçu par Alfred Sirodot en application des règlements ministériels de 1880. Le « cours complémentaire » devenu collège a été abrité aussi ensuite dans ces bâtiments jusqu’à la construction du collège des Hautes Pailles sur le territoire de la commune d’Echenon.

Le mur de séparation entre la cour des filles et la cour des garçons n'existe plus ..

Bâtiment central et façade rue du château
(école des filles)

Façade sur la place des halles (école de garçons) et bâtiment central

C’est aujourd’hui l’école primaire de Saint-Jean-de-Losne, à laquelle a été donné récemment le nom de Groupe Scolaire Yvonne Kieffer.

   Née le 21 février 1907 à Roscanvel , domiciliée à Saint-Jean-de-Losne, pendant la guerre Yvonne Kieffer  a été employée comme secrétaire à la Kommandantur . Après avoir aidé de nombreuses personnes pour avoir des papiers etc…, elle a été arrêtée comme résistante et déportée en camp de concentration. Elle est déportée le 26 juillet 1943 de Paris gare de l’Est et arrivée à Sarrebruck le 27 juillet 1943 – Repartie le 30 juillet pour Ravensbrück et arrivée le 1er août 1943, libérée  par La Croix Rouge  à Ravensbrück, et rapatriée. 

Yvonne Kieffer est décédée à Saint-Jean-de-Losne le 5 novembre 2006. 

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Je développerai plus longuement l'histoire de l'enseignement à Saint-Jean-de-Losne au xixe siècle, lors d'une prochaine journée Histoire et Patrimoine du Val de Saône (Saône Nature & Patrimoine).

Pierre Marie Guéritey

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