Le thème des journées du Patrimoine 2020 : « Patrimoine et éducation : apprendre pour la vie ! » aurait dû inciter la ville de Saint-Jean-de-Losne à mettre en valeur un bâtiment exceptionnel aussi bien par son architecture que par son histoire :
Le groupe scolaire, œuvre de l’architecte Alfred Sirodot, ingénieur des arts et manufactures, et architecte à Dijon (°Gray, 7 juillet 1831 -†Dijon 28 novembre 1900).
Alors que tous les villages des alentours ont construit une école moderne depuis plusieurs années, la ville de Saint-Jean-de-Losne, à la fin des années 1870, n’avait qu’une école de garçons installée dans l’ancien hôtel de ville place d’armes et une école libre de filles rue de l’Hôpital.
La ville dont les finances étaient asséchées par des dettes antérieures (notamment consécutives à la guerre de 1870) ne disposait ni d’un terrain approprié ni de l’argent nécessaire pour envisager une construction comparable à celle réalisée par exemple à Brazey-en-Plaine en 1854 par l’architecte Alfred Chevrot dont on trouvera les images dans la brochure de l’exposition que j’ai réalisée aux Archives départementales en 2017 : « Le val de Saône monumental au XIXe siècle » :
https://fr.calameo.com/read/0015242707f4638833a4f
Charles Gabriel Mouillon, entrepreneur et maire de Saint-Jean-de-Losne de 1871 à 1888 parvient à réaliser un ensemble scolaire digne de la ville, alors chef-lieu de canton. Un premier projet élaboré en 1876 par l’architecte auxonnais Claude Phal (Perron), (°Auxonne 26 février 1822-†21 août 1889) n’aboutit pas.
La ville achète une propriété joignant la place des Halles et la rue du Château et l’architecte dijonnais Alfred Sirodot présente un projet plus ambitieux en 1881. Ce projet est modifié pour être conforme au Règlement pour la construction et l'ameublement des maisons d'école arrêté par le conseil supérieur de l'Instruction publique et promulgué par Arrêté ministériel du 11 juin 1880. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5818370c/f25.image.vertical (Source gallica.bnf.fr / BnF), en ce qui concerne le nombre d’élèves par classe ne devant pas dépasser 50 (les écoles construites auparavant avaient une salle unique pour les garçons et une pour les filles pouvant accueillir chacune la totalité des garçons et des filles du village), le mobilier scolaire et les logements de l’instituteur et de l’institutrice etc. La construction est adjugée le 3 février 1883 à Gabriel Humbert entrepreneur à Arc-et-Senans pour 9526153 F. On trouvera aussi les plans du groupe scolaire de Saint-Jean-de-Losne dans la brochure de l’exposition « le val de Saône monumental au xixe siècle » :
https://fr.calameo.com/read/0015242707f4638833a4f
Peu de temps après, la ville achète une propriété contiguë, ce qui permet de compléter l’ensemble par une école maternelle dans l’ancien bâtiment conservé du couvent des Ursulines.
Ecole maternelle, ancien bâtiment du couvent des Ursulines |
Ainsi se trouve à saint-Jean-de-Losne un grand ensemble scolaire conçu par Alfred Sirodot en application des règlements ministériels de 1880. Le « cours complémentaire » devenu collège a été abrité aussi ensuite dans ces bâtiments jusqu’à la construction du collège des Hautes Pailles sur le territoire de la commune d’Echenon.
Le mur de séparation entre la cour des filles et la cour des garçons n'existe plus .. |
Bâtiment central et façade rue du château (école des filles) |
Façade sur la place des halles (école de garçons) et bâtiment central |
C’est aujourd’hui l’école primaire de Saint-Jean-de-Losne, à laquelle a été donné récemment le nom de Groupe Scolaire Yvonne Kieffer.
Yvonne Kieffer est décédée à Saint-Jean-de-Losne le 5 novembre 2006.
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Je développerai plus longuement l'histoire de l'enseignement à Saint-Jean-de-Losne au xixe siècle, lors d'une prochaine journée Histoire et Patrimoine du Val de Saône (Saône Nature & Patrimoine).
Pierre Marie Guéritey