L’actuel quai Molière borde d’un côté l’ancien mur de la
ville et de l’autre les bâtiments industriels désaffectés de CBV au bord de la
Saône.
Ce terrain est l’ancien « bastion de pierre »
construit après le siège de 1636.
En mai 1636, le roi de France (Louis XIII) qui craignait que
les francs comtois ne viennent établir dans l’abbaye de Losne un poste fortifié
en face de la place forte française de Saint-Jean-de-Losne, ordonne la
démolition de l’abbaye. Ni les habitants de Saint-Jean-de-Losne ni ceux du
village de Losne n’ont eu leur mot à dire dans cette affaire.
Les bâtiments et l’église de l’abbaye sont démolis à partir
de juin 1636 et les matériaux, qui encombraient le village, transportés sur la
rive droite. Après le siège, les Saint Jean de Losnais s’en serviront en 1637
pour réparer les remparts et construire un nouveau bastion en pierres.
Une nouvelle église est construite à Losne partir de 1695 et
consacrée le 10 août 1699
Le cimetière y a été installé de 1792 à 1823. Après le
déplacement du cimetière intercommunal sur le territoire de Saint-Usage, ces
terrains ont été loués par la ville à des particuliers pour y faire des jardins
ou entreposer des matériaux.
Dans son ouvrage L'Abbaye de Notre-Dame de Lône et
ses succursales, de l'ordre de Cluny : étude historique d'après les
documents originaux, avec carte et plan des lieux, (Dijon : Rabutot, 1864),
Philippe Dhétel notait, p 176.
« Ce n’est plus
aujourd’hui qu’une hideuse ruine d’où l’on voit de temps à autre émerger d’un
blocage de mortier une pierre tombale des religieux de Lône Je me rappelle
avoir vu il y a vingt ans la partie supérieure d’une de ces belles pierres
roses sur laquelle l’image du défunt était gravée au trait La brisure de la
pierre ne laissait voir que le buste et les mains jointes sur la poitrine avec
un fragment d’arcature ogivale.».
Ainsi, sur ce terrain, dans les années 1840, on voyait des
pierres gravées, que Dhétel identifie comme des pierres tombales de l’ancienne
abbaye de Losne, mais il pouvait rester aussi des fragments des monuments du
cimetière, du début du XIXe s.
Enfin, la société CBV y a installé un ensemble de bâtiments
industriels dans les années 1950, repris ensuite par la société Deutz-Marine et
aujourd’hui à l’abandon depuis de nombreuses années. (Le bâtiment de l'ancienne chaudronnerie Jovignot, exploité aujourd'hui par l'Atelier Fluvial se trouve aussi sur ce "bastion de pierre", cf. plan de Saint-Jean-de-Losne ci-contre).
vue aérienne (vers 1960) |
Autre vue aérienne (Carte postale vers 1960) |
Le sol de ce terrain renferme encore certainement des
vestiges des bâtiments et de l’église de l’ancienne abbaye de Losne, ainsi que
des restes de monuments funéraires de l’époque révolutionnaire et du début du
XIXe s. (voire plus anciens, apportés de l’ancien cimetière en 1792), demeurés
en place après le transfert du cimetière en
1823.
Une exploration archéologique préalable devra être programmée avant
toute éventuelle opération future d’urbanisme sur ce site, pour recueillir les vestiges de
l’Abbaye de Losne et des anciens cimetières de Saint-Jean-de-Losne.
Pierre Marie Guéritey 05 08 2015
merci Pierre pour cette alerte !
RépondreSupprimeril est utile de préciser que les matériaux de l'abbaye furent déposés pour être maçonnés sur plusieurs mètres d'épaisseur, EN POURTOUR de ce futur bastion, c'est ce qui ressort du procès verbal de l'époque, du plan ci-dessus de 1843 (trait épais) et du plan de 1759 (ADCO C1568). La partie intérieure du bastion n'a à priori pas été comblée avec les matériaux de l'abbaye et servit effectivement pour le cimetière en 1823 comme précisé dans l'article ci-dessus.
Dhetel toujours bien informé, n'a pu faire la confusion entre les restes de ce cimetière et ceux de l'abbaye qui effleuraient du pourtour du bastion. C'est en tout cas mon opinion.
Il est dommage que la réfection récente du quai Molière n'ait pas fait l'objet de dragage ou de fouilles préventives malgré mon courrier argumenté, adressé à la mairie de Saint-Jean-de-Losne en son temps.
Nous devrons maintenant être vigilant pour que les futurs aménagements du sol se fassent dans une procédure normale, après un diagnostic archéologique c'est ce que mérite notre ville historique de Saint-Jean-de-Losne et c'est notre dernière chance de retrouver des vestiges de notre abbaye...
personne ne peut ignorer dorénavant cette alerte !
Alain Cessot